VERS la fin du XVIIIe siècle, l’occupation des hauteurs dans la cuvette d’Ambohimanambola commence à descendre vers les plaines. C’est ainsi que nait le royaume d’Andrantsay, jalonné par un semis de village fortifiés, comme l’écrit Mayeur dans ses relations de voyage en 1977.
Les traditions locales en parlent aussi : A la fin du XVIIe siècle, un certain Andriambahoaka, qui était resté vivre au Vohimbola, reconnut dans la cuvette des bas-fonds susceptibles d être aménagés en belles rizières et s’installa en ce lieu qui s’appela Ambohimanambola, les villages des gens riches.
Cet événement se situerait avant le règne d’Andriamanalaniro d’Andrantsay qui débute vers 1780. De même, ilazana, au sud-est du chef-lieu, a été construit à la même époque par un noble envoyé de Fivavahana pour surveiller les pays.
ilazana est entouré de cinq à six fossés circulaires, précise le chercheur géographe de l’ Orstom, Jean Yves Marchal. Un habitat du hameau de Faravohitra ajoute:…Autour d’Ilazana, vivaient des descendants d’Andrianony-Fomanjakantany, les Zafisoa ou bons-petits-fils.
J-Y.Marchal indique qu’ilazana est un poste militaire ou réside un noble de sang royal autour duquel se sont créé des hameaux ou peuvent vivre les artisants dépendant de ce Mpanjaka.
Au nord-ouest d’ Ambohimanambola, se situe Mahatsinjo, un site plus important, formé de deux ensembles jumeaux encerclés par plusieurs rangées de fossés. Les sites d’ Ambohimanambola, Mahatsinjo, Ilazana et Ambohipanja qui en est proche, ainsi que Soavina, hors de la cuvette, ont une même typologie, observe le géographe, des fossés circulaires concentriques présentant le même état de dégradation.
En outre, Ambohipanja a un kianja, place faisant lieu de réunion situé près du Lapa du seigneur. Mayeur signale aussi qu’un cousin du roi demeure à Soavina. Aux alentours, la présence de nombreuses Vatolahy, pierres levées est observée.
La cuvette et la plaine de l’ Andrantsay se peuplent à la fin du XVIIe siècle de postes avancés, de résidences nobles accolées à des villages de bouviers et d’ esclaves, aux défenses réduites, juste un fossé et un talus. Les positions stratégiques se situent toujours sur les lieux élevés d’accès difficile. C’est pourquoi, lorsque le prince sakalava Ramasoandro inaugure dans le royaume une période d’ insécurité, le roi Andriamanalinarivo se réfugie à Faliarivo et fait renforcer les défenses du Fivavahana. Mais en période de paix, la résidence royale est Ifandanana, à l’ouest de Soavina.
Et tandis que fleurissent de nombreux fiefs constitués très souvent en l’ absence de tous contrôles, par les prétendants plus au moins légitimes au titre de nobles, les villages se multiplient par apports de Betsileo et de Merina, émigrés ou volontaires ou fuyant les grands royaume voisins. Dans les tantara ny Andriana eto madagasikara, on peut lire : Il y avait un assez grand nombre de Hovalahy qui prétendants être nobles. Quand ils étaient riches, ils achetaient des hommes qu’ils utilisaient comme sujets, et il en venait à eux un grand nombre. Ils attaquaient ensuite quelque village qu’ils envahissaient, devenaient leurs servitudes. Dès ce moment, ils se faisaient passer pour parents du souverain.
Une tradition d’ Antokofana, à l’est de Soavina, raconte notamment que des Betsileo s’installent au nord-ouest de cette localité, à l’époque où le voyageur Mayeur passe dans la région jusqu’à Soavina. Il la décrit en substance comme des plaines immenses de riz, terres bien cultivées: les champs sont entièrement découverts. On n’y voit d’arbres et d’arbrisseaux que ceux que les naturels ont plantés, il n’y a pas un arbre de forêt sur les hautes et nombreuses montagnes dont les pays est hérissé.
Dans son journal, Mayeur suppose enfin que les régions de Betafo et de Soavina doivent recevoir à cette date un peuplement relativement dense qui provoque une mise en valeur importante des terres.
Pela Ravalitera journal Express
Antsirabe Ambositra boucle à l’ouest de la RN 7
Altitude maximum: 1884 m
Altitude minimum: 101 m
Denivelé total positif : 5886 m
Denivelé total négatif: -4488 m
Antsirabe Ambositra boucle à l’ ouest de la RN 7 302 km
La chute du royaume de l’Andratsay
L’Andratsay forme, vers la fin du XVIIIe, un noyau de peuplement assez important par rapport aux régions voisines de la plaine de l’onive et celle d’ Antsirabe, encore désertes. Et comme peuplement et prospérité vont de paires, le voyageur français Mayeur qui visite la contrée en 1777, écrit, le pays abonde en mine de fer que les habitants exploitent …Le coton et l’indigo croissent à Andratsay …
aussi n’est- il pas étonnant que des échanges commerciaux aient accompagné des mouvements de population entre l’Andratsay et le pays voisin, en particulier Isandra et Manandriana. Le géographie Jean Yves Marchal mentionne à ce sujet la présence de nombreux tombeaux et de parc à boeufs qui, par l’originalité de leur construction, se rapprochent de ce que l’on peut observer en pays Betsileo. Autre indice, le qualificatif donné au fameux roi Andriamanalinarivo-Betsileo, alors qu’il n’y a aucun lien de parenté avec une quelconque famille de Betsileo. Le chercheur de l’ Orstom suggère que les traditions Merina ont colportées cette erreur, pensant que des alliances entre l’ Isandratra et l’ Andratsay étaient assez fortes pour que le Merina y aient vu une alliance entre deux souverains betsileo. Ce qui expliquerait les confusions rencontrées entre les deux rois contemporains, Andriamanalinarivo-Betsileo d’ Andrantsay et Andriamanalibentany, roi Betsileo de l’Isandra.
En revanche, l’Andrantsay semble être l’allié des sakalava du betsiriry, à l’ouest, ces derniers lui envoient les premiers fusils et la poudre de provenance arabe et européenne.
Quand en 1777, Mayeur atteint la région centrale, la renommée de l’Andrantsay est assez forte pour qu’il se rende dans ce royaume avant de visiter l’Ankova. Près de Soavina, au nom de louis XVI, il contracte avec le souverain sans doute Andrianoninasandratra qui règne avant Andriamanalinarivo un serment d’alliance, d’amitié et de fidélité. Serment verbal, certes mais qui prouvait l’ ampleur prise par le royaume à la fin du XVIIIe siècle.
Ainsi, la renommée du royaume de l’ Andrantsay comme ses alliances ne peuvent qu’inquiéter les peuples voisins qui ambitionnent d’étendre leur autorité sur la partie centrale de l’ile.
C’est le cas des Merina. Andrinampoinimerina (1787-1810), après avoir réunifié et pacifié son royaume, se tourne vers ses voisins qui constituent jusqu’alors des dangers perpétuels d’invasion.
Ces derniers une fois soumis et que toute menace est écartée aux frontières, le souverain s’intéresse aux royaumes plus éloignés, tels ceux de Betsileo qu’il considère comme des prolongements naturels de son royaume.
C’est ainsi qu’après la soumission da Vakinisisaony au sud d’Antananarivo , et celle du Vonizongo à l’ouest, Adrianampoinimerina envoie ses émissaires chez les Andrantsay pour que leur roi se reconnaisse Fils du merina. Il semble alors qu’il n’est pas question d’établir une hégémonie de domination, mais simplement de tenter une union territoriale (histoire politique et religieuse des malgaches, Dama Ntsoha, 1955).
Après plusieurs voyages des messagers, Andriamanalinarivo d’ Andrantsay accepte leur proposition, mais il demeure maitre en ses états. Assuré de cette soumission verbale, Andrianampoinimerina poursuit l’extension de son royaume.
C’est alors que les Manisotra sont vaincus en Imerina. Leurs chefs nobles demandent asile à celui, selon eux, pareil le seul à pouvoir affronter le roi de l’Imerina. Ainsi, non contents d’ être accueillis par Andriamanalinarivo, ils l’exhortent à ne plus reconnaitre l’autorité du conquérant. Le roi de l’Andrantsay hésite longtemps, spécifie la tradition. Mais comme il est malade et âgé, ses neveux décident d’agir à sa place. Les envoyés merina sont chassés et menacés de mort.
La réaction du souverain de l’Imerina ne se fait pas attendre, et ce sera la conquête armée. Après la résistance de Fandanana, à l’ouest de Soavina durant la première année du conflit le royaume de l’ Andrantsay finit par se soumettre définitivement l’année suivante. Andriamanalinarivo refugié à Fiva, décède vers 1807.
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